vendredi 1 juillet 2022

L’ORTHOGRAPHE EN QUESTION(S), partie 2
Retrouvez la partie 1 derrière le lien en commentaire.

Partie 2 : « C’est quoi, l’orthographe ? »
J’aurais pu commencer par ça, hier…
Avant de donner une définition critique de la chose, petit retour sur la partie 1 « Le niveau baisse ». Cette affirmation se fonde sur un certain nombre d’études globales datant de différentes périodes (1989, 1996, 2007, 2016), mais demeure sujette à caution. Il faut bien comprendre deux choses : l’impression de baisse de niveau se fonde d’abord sur l’impression au présent de gens qui maîtrisent bien l’orthographe (c’est pour ça qu’on l'affirme depuis des décennies, de façon plus ou moins fondée) ce qui constitue un biais ; ensuite, la réalité est que nous avons toujours été globalement assez mauvais en orthographe. Ne hurlez pas si vous vous croyez bons, vous n’êtes que des exceptions et ça ne vous rend pas supérieurs aux autres…
Là-dessus aussi, nous reviendrons.

Revenons à notre mouton : qu’est-ce que l’orthographe ?
Prosaïquement, il s’agit de l’ensemble des normes écrites d’une langue, à partir desquelles on jugera correctes ou incorrectes les formes que l’utilisateur de ladite langue lui donnera en l’écrivant. Ces normes ne sont pas applicables à l’oral, comme il se doit.
Ces normes sont arbitraires et relèvent d’un système inhérent à la nature de la langue ou à son histoire. L’orthographe n’est pas scientifique, ce n’est même pas un pan de la linguistique. Bien sûr, on peut étudier l’histoire des mots, l’évolution de la forme des mots, l’étymologie… mais l’orthographe reste un système figé décidé par un groupe de personnes pour toutes les autres. À de rares exceptions près, elle n’évolue pas par elle-même mais selon le bon vouloir de ces personnes (cf. la réforme de l’orthographe de 1990).
La plupart du temps, l’orthographe répond à une logique interne de la langue : rapport grapho-phonologique (on écrit comme ça se prononce), rapport syntaxique, rapport morphologique… mais pour certaines langues, cette logique n’existe pas.
C’est le cas en particulier de certaines « vieilles » langues comme l'anglais ou le français, celles qui s’écrivent depuis longtemps et qui ont d’abord été transcrites de façon délibérément complexe selon des principes historiques et étymologiques. Ceci fait de ces langues des langues terriblement difficiles à orthographier correctement du fait que les mots ne s’écrivent presque jamais comme ils se prononcent.
Malgré son aspect arbitraire et non-scientifique, l’orthographe constitue le marqueur social langagier le plus saillant. Elle peut être prétexte à exclusion sociale ou professionnelle, et donner lieu à des agressions verbales sur les réseaux sociaux ou ailleurs (par exemple « achète-toi un Bescherelle et reviens nous parler après », mais j'ai lu bien pire). Elle est également considérée à tort comme un marque d'intelligence supérieure.

Dans cette optique on pourrait se dire : « puisque l’orthographe est arbitraire, on pourrait fort bien arbitrairement la simplifier au maximum ! »

À la prochaine fois pour la prochaine partie. Nous parlerons d’histoire de l’orthographe en français.

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