Mes 13 textes, un pour chaque âge (0, 1, 5, 10, 20... jusqu'à 100 ans), ont une portée intimiste et universelle. Ils s'adressent directement à une seule personne en espérant toucher tout le monde. Je les ai spécialement élaborés pour l'exposition ARTATOU 2013 durant laquelle le Ciel de Vie a été exposé. Les retours des lecteurs ont été si forts et si insistants que nous avons décidé d'éditer un recueil contenant les textes intégraux et quelques images de l'exposition sur un beau papier, le tout pour un prix très bas.
Morceaux choisis, 3 parmi 13 :
ÂGE 40
C’est le moment de la jeunesse
retrouvée, comme si tu avais commencé le décompte à l’envers et
que soudain le sablier tentait de se retourner tout seul.
Tu es tellement heureux de vivre que
chaque relation avec un autre humain te fait l’effet d’un heureux
présent, chaque lien est un bienfait, chaque seconde se fait
providentielle.
Tu regardes parfois tes parents, en
pleine maturation et retournement de sablier, et tu te dis que tu
vivrais volontiers 30 ans de plus au moins, à condition de leur
ressembler.
C’est la période de l’attachement
le plus fort à la Vie de même que l’acceptation définitive des
relations disparues. Tu te rends compte que ta mémoire n’est pas
sélective, elle est tout simplement réconfortante. Le présent est
merveilleux parce qu’il a la valeur que tu lui donnes.
Les gens qui t’aiment disent de toi
que tu as l’air d’aller mieux que « jamais ». Or
jamais n’a plus du tout le sens qu’il avait à tes 20 ans.
ÂGE 60
Tu es dans le temps du dilemme, du
genre de ceux que connaissent bien les œnologues, lesquels savent
que c’est le moment d’ouvrir et de boire les meilleurs vins de
leur cave... mais hésitent, car une fois ouverts, il faut les boire
et accepter d’y renoncer à jamais.
Tu as choisi d’ouvrir la bouteille et
de ne cesser d’y boire sans hâte et sans angoisse, mais non sans
gourmandise. Même hélas, c’est également l’époque des
premiers départs définitifs, des parents, d’amis plus âgés et
d’autres proches qui auront connu leur dernier soir beaucoup trop
tôt. Il faut apprendre à conserver les liens vifs seulement par la
pensée. Il faut accepter que les attaches acquièrent une dimension
quasi mystique. Il est possible de chérir des fantômes. Aimer les
survivants peut devenir une question vitale... Et pourtant, pourtant,
on te demande d’être dynamique et énergique puisque tu viens
seulement d’entrer dans ta troisième vie, l’enfance de la
vieillesse, ne plus travailler et t’amuser. Les marchands de jouets
t’attendent.
ÂGE 80
Depuis peu, tu te réveilles souvent
sans savoir si ton corps et ton esprit appartiennent toujours tous
les deux à la même personne. Tu as tissé tellement de liens qu’on
retrouve ta trace au-delà de l’atmosphère terrestre, cependant
que le monde que tu parcours se rétrécit chaque jour.
Qu’importe au fond que l’Univers
soit d’un côté si petit et si grand de l’autre. Bien que tu ne
rêves presque plus, il t’arrive la nuit de perdre jusqu’à 79
ans, revenant au temps où tu apprenais à marcher, toi qui apprends
dorénavant à accepter de ne plus trop utiliser tes jambes.
50 ans plus tôt, à un âge à peine
supérieur au tien actuel, ta propre grand-mère a ponctué des
années de bienfaits moraux par le plus beau cadeau que l’on puisse
faire à ceux qu’on aime quand on s’endort, en disant « au
revoir, je suis heureuse d’avoir vu ce que tu étais devenu avant
de n’être plus de chair » plutôt que « je vais
mourir, ne pleure pas ». De tous tes souvenirs relationnels
importants, c’est le plus fort. Grâce à lui, tu t’es efforcé
de devenir comme elle. La barre était trop haute, mais ça valait le
coup d’essayer.
Auteur et Hauteur du Ciel de vie...
À toi qui te fait rare ici, et moi aussi d'ailleurs prise dans mon tourbillon familiale, j'ai adoré ces textes! Je me demande vraiment ce que tu as écrit pour les autres dizaines! J'ai même "presque" hâte à dans 8 ans d'avoir 40 ans ;-) Mais pas si vite, je veux profiter de ma trentaine avant!
RépondreSupprimerBonne journée!
Salut à toi, Caroline ! Les ami(e) blogueurs me manquaient, depuis le temps :-)
RépondreSupprimerPour savoir à court terme ce que j'ai écrit pour les autres dizaines, il faut (en principe) commander un ou plusieurs exemplaire(s) de notre beau recueil à venir. C'est une exclusivité... mais je suppose que je te les ferai lire d'une manière ou d'une autre.
Une des choses amusantes observées pendant l'exposition : certains lecteurs m'ont dit "toi, on voit que tu as quarante ans !"
hihihi
Contente de te retrouver . Perso je trouve que la définition par tranche d'âge est très réductrice.
RépondreSupprimerSalut manouche, merci d'être passée !
RépondreSupprimerTu as tout à fait raison, cette description est réductrice, mais c'était la consigne... :-)
"Demain, le ciel sera orange"...
RépondreSupprimerest.
absolument.
génial.
Mille.
fois.
merci.
Waou... Qu'est-ce que ça fait du bien de lire des avis pareils... J'ai écrit pendant des années pour moi-même, jaloux et inquiet, évitant que mes textes fussent vus hors de chez moi...
RépondreSupprimerDepuis le début de l'écriture de ce roman et de ses cousins, j'écris (enfin) également pour les autres.
Merci à toi aussi :-)
s.
Bisous, ma chère IsaR :-)
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