mercredi 2 février 2011

Précis souvenir de rêves impossibles

Une fois n'est pas coutume...
Le message que j'ai posté aujourd'hui sur l'envers du verbe est tellement important pour moi que je tiens à le rendre visible sur le verbe au vert.
Veuillez pardonner cette redondance, bien qu'il s'agisse à mon avis d'une histoire qu'il faut lire deux fois pour mieux l'apprécier ;))
Voici :

Il y a presque vingt ans, je vivais en colocation dans un petit appartement de la banlieue de Strasbourg.
Mes deux camarades de fortune du pot étaient deux algériens, deux frangins issus d'une belle fratrie de six unités mâles et trois unités femelles, une belle famille, de belles personnes. Ils étaient tous les deux musiciens, l'un d'abord juriste et l'autre d'abord architecte. Mais d'abord musiciens.
Et ils étaient mes amis, mes frères, ceux grâce auxquels mes années les plus sombres n'ont pas été un désastre total.

Lors de l'une de nos soirées amicales et animées, nous avons "joué" au jeu de l'avenir : Comment nous voyons-nous dans dix ou vingt ans, ces choses-là...
Je dois l'avouer, j'avais à l'époque une certaine propension au désespoir qui me poussait à refuser toute perspective heureuse à plus d'une heure de distance... mais mes camarades ont insisté, autant pour alimenter le jeu que pour me forcer à avoir une vision optimiste de mon destin mal barré.
Alors j'ai fantasmé, j'ai répondu grosso modo que "dans vingt ans, j'aimerais vivre avec une compagne artiste dans une belle maison à la campagne, entouré de nature sauvage, proche de mes amis et exerçant la profession d'écrivain".
Et, sans doute, je me suis mis à pleurer en buvant une gorgée de ma bière et en allumant une cigarette par le filtre, à cause de mes yeux brouillés par les larmes... et j'ajoutai "mais de toute façon, cela n'arrivera jamais..."

L'un de mes deux amis, je ne me souviens plus lequel, m'aura pris par les épaules et m'aura dit :
"Tu sais, Sébichou, si tu le veux très fort, cela arrivera. Il faut juste que tu y croies."

Et oui, on m'appelait Sébichou.
Oui, j'avais des amis comme ça.
Oui, je vis bien dans une maison à la campagne avec ma compagne artiste, la nature autour, des amis partout et j'écris... j'écris encore...
Oui, j'ai commencé à y croire un jour de l'année 1995, l'un des plus beaux jours de ma vie dont il sera question une autre fois.
Oui, tout cela est vrai mais romancé, romancé mais vrai...
Or, pour un auteur qui aime à tout mélanger pour délivrer des cohérences fulgurantes, les fantasmes du passé sont aussi de merveilleuses réalités.
Or tout est vrai.
Voilà.


A Habib, Bady et Amar, tout aussi présents dans mon cœur qu'en ce bas-monde

7 commentaires:

  1. C'est une magnifique histoire ton histoire, ton chemin, ta vie!

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  2. Faire le point, important... positif...

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  3. C'est très fort pour moi, Caroline et Alba, de revenir ainsi sur ce chemin... Il s'est passé tellement de choses, il y a eu tellement d'obstacles, tellement de croisements, de...
    C'est très fort, merci à vous.

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  4. Et si tu rejouais maintenant, tu dirais quoi ? ... Shrek 4 ?

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  5. Franck, tu veux dire "comment je me vois dans vingt ans" ?
    Le jeu est très différent parce que j'ai des bases et des projets, deux ensembles de choses qui me manquaient cruellement à l'époque...
    Sans doute, je dirai exactement la même chose ;))

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  6. quoiqu'on en dise donc ,le desespoir n'a jamais fermé la porte aux envies...je crois même qu'il leurs déroule un tapis rouge,parce qu'au fond,la seule chose qu'il nous reste à faire quand on ne croit plus en rien...c'est leur laisser la place!

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  7. Tu parles d'or, Flo, mais c'est quelque chose dont on ne prend conscience que quand on va mieux...
    Il est très vrai que j'apprécie d'autant plus la vie du fait de mon passé de désespéré :)
    s.

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